Un enrobé « léger » mis en œuvre sur un pont de l’A10
Anthony Laurent - LE MONITEUR.FR - Publié le 30/10/15 à 16h17 - Mis à jour le 02/11/15 à 17h30
Dans le cadre d’un chantier de rénovation autoroutière mené au droit d’un ouvrage d’art, Eurovia a mis en œuvre son enrobé « léger » : le Viapont. Près de 160 tonnes ont été appliquées sur 300 mètres linéaires.
Sur l’autoroute A10, à proximité de Niort, dans les Deux-Sèvres, le pont « PI 3764 » présentait des risques de désordres dus à des phénomènes de surcharge. « A chaque rénovation de la chaussée, la nouvelle couche d’enrobés était appliquée directement sur les couches existantes sous-jacentes, ce qui a alourdit l’ouvrage au fil des années. Dans ce cas, on pense souvent davantage à la route qu’à l’ouvrage… », explique Yannick Marquet, expert technique routes chez Eurovia.
Pour parer à la fatigue prématurée de l’ouvrage, la filiale routière de Vinci a mis en œuvre son enrobé « léger » : le Viapont. « Ce matériau innovant, breveté, est né en 2013 d’un partenariat entre Eurovia et Vinci Autoroutes. Il permet un gain de poids compris entre 25 et 40 % par rapport à un enrobé classique. Cette légèreté est notamment obtenue grâce aux granulats utilisés : des granulats expansés présentant des caractéristiques de porosité particulières permettant à la fois un gain de poids et des performances mécaniques adaptées au trafic autoroutier », indique Yannick Marquet.
Granulats expansés
Enrobé pour couche d’assise de chaussée, le Viapont présente un poids au m3 de 1,6 tonne, contre 2,5 tonnes pour un enrobé traditionnel. « Sur le chantier de l’A10, l’idée était de raboter 25 cm d’enrobés – soit trois couches d’enrobés – pour mettre en œuvre en lieu et place, à l’aide de matériels courants, notre enrobé léger sur une douzaine de centimètres d’épaisseur moyenne, tout en abaissant de 5 cm le fil rouge de la chaussée », précise le spécialiste d’Eurovia. Pour traiter les 300 mètres linéaires de l’ouvrage (150 mètres linéaires dans les deux sens de circulation), 160 tonnes de Viapont ont été produites au total.
Sur le chantier de l’A10, le rabotage a été réalisé, par couches successives, jusqu’au complexe d’étanchéité du pont, mettant ainsi l’ouvrage à nu. « C’était l’une des phases les plus délicates du chantier puisqu’il ne fallait absolument pas endommager l’étanchéité. Nous avons travaillé à la petite cuillère », fait savoir Yannick Marquet. S’est ensuivi un relevé topographique du pont afin de procéder aux opérations de reprofilage. C’est ainsi qu’a pu ensuite être mis en œuvre l’enrobé Viapont à la cote définitive, après la remise à niveau des équipements de sécurité – ce qui a notamment nécessité la destruction puis la reconstruction des glissières en béton armé (GBA).
Plusieurs centaines de ponts surchargés en France
Selon ses concepteurs, le Viapont présente une résistance à l’orniérage comparable aux enrobés classiques, avec « 5,2 % constatés pour 10 000 cycles. » Le bitume 35/50 utilisé permet, en outre, d’atteindre les spécifications requises pour une grave-bitume GB2 0/14 jusqu’au niveau 2 de la formulation (NF EN 13108-1). De plus, son module s’échelonne de 6 000 à 9 000 MPa, ce qui permet au produit d’Eurovia d’être considéré comme un « procédé spécial » sur ouvrage d’art. En France, ce sont plusieurs centaines de ponts routiers qui pourraient être considérés comme surchargés à l’heure actuelle.
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