On en arrive au point le plus intéressant et le plus spectaculaire de la déviation, avec la tranchée de Wainui saddle (col de Wainui) qui est le point culminant du nouvel axe. J'avais déjà positionné ce site par avance sur la carte en même temps que l'OA N°3. Ce col marque la limite entre la ville de Porirua et le district côtier de Kapiti. En raison de l’ampleur des travaux, de la pente du terrain et de la ligne de faille d’Ohariu qui traverse le col, ce tronçon de route a posé l’un des défis les plus complexes pour l’équipe de conception et de construction du groupement CPB HEB.
Le démarrage des travaux était déjà complexe, car il s’agissait d’un secteur montagneux isolé et l’accès n’était possible que par un "chemin muletier". Il a fallu à partir de février 2016 commencer à construire des pistes d’accès à partir de l’extrémité nord de Paekakariki. Les équipes ont pu ensuite à partir de mai 2016 commencer à débroussailler la végétation sur les deux versants situés de part et d'autre du col. Huit ans plus tard, la manière dont la tranchée a été réalisée en fait encore l’un des projets d’ingénierie routière les plus complexes de Nouvelle Zélande.
Il a fallu 18 mois de travaux 24h/24 pour effectuer les différentes phases de terrassement et de confortement de la tranchée. Les terrassements devaient commencer par le haut pour la création des redans. Ces derniers ont une hauteur moyenne de 10 m et dans la partie la plus haute de la tranchée, il y a six redans, soit une hauteur de l'ordre de 70m. le terrassement de ces redans était généralement découpés par tranches de 4 à 5 m pour permettre d’effectuer les travaux de stabilisation de la pente et du front de taille avant de passer à la phase suivante. L'inclinaison des redans est de l'ordre de 65 degrés. La stabilisation des terrains au-dessus des redents a été un véritable défi, avec un accès limité pour les machines et les installations. L’un des problème qui a rendu la stabilisation délicate, ce sont les pentes abruptes au-dessus des tranchée initiales. Certaines sections de la tranchée avaient plus de 150 m de hauteur au-dessus des futurs redans. Autre problème, la gestion des eaux de ruissellement et d'infiltration au cours des hivers 2016 et 2017 qui a été particulièrement difficile. La grande surprise pour l’équipe projet a été que les premiers forages d'études n’indiquaient pas un niveau de nappes souterraines aussi important que celui trouvé sur le terrain. La quantité d’eau souterraine attendue était beaucoup plus faible. Non seulement les ouvriers ont dû faire face à des problèmes de pluviométrie, mais en plus, une importante quantité d’eau s’infiltrait à travers les terrassements. Il a fallu forer des drains horizontaux dans les parois des redents, sur une profondeur variant de 20 à 40 m, pour diminuer la pression de l’eau.
Par ailleurs, comme vous le savez certainement, la Nouvelle Zélande est soumise à des aléas sismologiques. Il y a notamment des lignes de faille sismiques. L'une d'elle, la ligne de faille d’Ohariu s’étend vers le nord-est depuis le large de la côte sud de Wellington près de Tongue Point à travers Porirua en direction de Paraparaumu. Elle traverse le col de Wainui. En conséquence, le matériau rocheux sous-jacent est fracturé en raison des mouvements du sol le long de cette ligne. Le manque de cohésion du matériau dans les parties supérieures compliquait encore les opérations de terrassement et de remblaiement. De ce fait, les risques pour la santé et la sécurité des ouvriers étaient également très importants. Les équipes ont dû faire face à la problématique des chutes de rochers et des pentes instables lors des terrassements. Une instrumentation spécifique a été installée et une surveillance permanente de cette section de chantier ont été mis en œuvre pour s’assurer que les versants demeuraient stables durant les travaux. Il a fallu sélectionner des pelleurs particulièrement qualifiés pour réaliser les premières voies d’accès jusqu’au lieu de démarrage des redans. Les pelleurs ont dû travailler à la limite des possibilités de leurs machines en terme de stabilité. Il a fallu des semaines de planification et des examens minutieux des procédures de sécurité pour assurer que cela pourrait se faire sans incident majeur Une fois les terrassements débutés, en plus des drains, les parois des redans ont été confortés à l'aide de parois cloutées, avec des clous de 8.50m de long.
Le volume de terrassements effectué sur Wainui saddle est proche d'un million de m3 et la surface de béton projeté sur les redents de 22700m2
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