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Chablais: le viaduc de tous les superlatifs
H144 | Long de 440 mètres, le pont qui enjambera le Rhône dès 2012 sort lentement de terre. L’ouvrage constitue l’un des défis les plus complexes dans l’histoire des Services des routes vaudois et valaisan. Reportage.
Son empreinte transforme lentement le paysage chablaisien. Après des décennies de valse-hésitation, les travaux sur le tracé de la H144 ont enfin commencé. Entre Roche et Chessel, les premiers ouvrages qui formeront la future route cantonale sortent de terre. Aux Evouettes, le giratoire qui servira d’accès à la Transchablaisienne est terminé.
En contrebas de la chaussée, dans un bruit assourdissant, le monstre jaune et noir martèle déjà le sol valaisan. Au bout de son bras dressé, un cylindre d’acier de 30 m de long s’enfonce lentement dans la terre.
Arrivée d’Allemagne il y a quelques jours, l’imposante machine de 230 tonnes – «la plus grande du genre en Europe», assurent les responsables du chantier – a pour mission de forer les ancrages du pont qui enjambera le Rhône, dès 2012. Soit une septantaine de puits de 30 m de long, pour 1,5 m de diamètre. «Mis bout à bout, ces forages représentent plus de 2 km!» ajoute Samuel Droguet, membre de la direction générale des travaux sur la Transchablaisienne.
Trois obstacles à franchir
L’employé du service de routes, qui supervise la construction du viaduc l’affirme, la traversée du Rhône constitue un pari de taille. La structure enjambera non pas un, mais trois obstacles: le fleuve, le canal de Stockalper et la ligne ferroviaire du Tonkin. D’où ses mensurations impressionnantes: une longueur de 440 m, 7000 m³ de béton armé (soit plus de deux bassins olympiques), un budget de 22 millions de francs, répartis entre Vaud et Valais, sur une enveloppe totale de 117 millions. «Ce pont représente le plus important ouvrage du plus grand chantier dans l’histoire du Service des routes», précise Alfredo Pedretti, ingénieur en charge du projet H144.
Aux Evouettes, le chantier du siècle en croisera un autre: celui de la 3e correction du Rhône. Alors que le dossier est toujours en cours d’affinage dans les bureaux des cantons de Vaud et du Valais, les ingénieurs de la H144 ont dû penser à l’avenir. «A cet endroit, le fleuve ne fait qu’une quarantaine de mètres de large, signale Alfredo Pedretti. Or, la travée principale qui l’enjambera mesure 75 m. Cela laissera de la place à un élargissement du lit du Rhône, en fonction de la variante retenue par les autorités.»
Pas d’incidence sur le rail
Les ouvriers devront également faire face à un autre «croisement» délicat, celui avec la voie ferrée reliant Saint-Maurice à Saint-Gingolph. Pour ce faire, les CFF devront adapter leur ligne: «Il ne s’agira que de légères modifications. Il faudra notamment organiser le chantier pour le sécuriser au maximum, détaille Jean-Philippe Schmidt, porte-parole de la régie ferroviaire. Certains travaux pourront s’effectuer la nuit. Il n’y aura pas d’incidence pour le trafic sur ce tronçon.»
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