À l'ombre des trains, les fourmis du chantier LGV Il y a bien sûr Eiffage, mandaté pour construire la ligne à grande vitesse. Mais avant, la SNCF
coordonne un travail préparatoire minutieux, tout près des voies où les trains continuent de rouler.
Gilet orange sur le dos, une poignée d'hommes s'affairent sur des traverses en bois. À trois mètres de
a voie Sablé-Le Mans. Un train passe sans que son souffle fasse ciller les ouvriers. Le chantier continue.
Nous sommes quelque part entre la route de Poillé et les hauteurs de Juigné.
Pas sur la future ligne à grande vitesse, non, en bordure de la voie normale. Ici, ce ne sont pas des gars
d'Eiffage qui travaillent mais des salariés d'entreprises dirigées par la SNCF. Arnaud Jean chapeaute les
opérations pour le compte de la SNCF. « Eiffage n'a pas la possibilité de faire les raccordements. Entre
Connerré et Rennes, il y en a huit. » Dont un à Sablé.
Aucune gare nouvelle Un raccordement, dans le jargon du rail, c'est l'équivalent d'une bretelle d'accès sur l'autoroute. « Ce
n'est pas la virgule de Sablé », insiste Arnaud Jean. C'est un décrochage de la voie normale vers la LGV.
Un équipement qui n'a l'air de rien et pourtant. Au final, le détail a son importance. « Je ne sais pas si
vous avez remarqué mais sur le trajet de la future LGV, il n'y aura aucune gare nouvelle. RFF (Réseau
ferré de France, NDLR) ne le souhaite pas. Donc il faut faire des raccordements. »
Autre mission réservée à la SNCF dans la zone de Sablé, la construction d'aiguillages pour permettre à
Eiffage d'accéder à la base de travaux de Juigné. Là encore, le chantier se déroule à proximité des voies,
c'est donc la SNCF qui enfile le casque de chef de chantier. En plus du risque que représente le passage
régulier de trains à proximité des travaux, « il y a un risque électrique », ajoute Arnaud Jean.
Saut-de-mouton Sans compter la contrainte du trafic qui ne doit pas souffrir des travaux. Jusqu'à mercredi soir, les efforts
étaient concentrés sur Laval mais dès lundi, les entreprises de travaux publics vont revenir autour de Sablé.
De nuit. « De 22 h à 6 h. C'est le soir qu'on va pouvoir couper les voies. Et le matin, il faut qu'on ait fini à
l'heure pour que le client dans le train ne s'aperçoive de rien. Le travail est anticipé un mois à l'avance et
le document de travail qui est appliqué chaque soir est validé le jour même. »
Arnaud Jean se laisse tout de même une petite marge de manoeuvre pour la période de travaux qui démarre
à Sablé. « On peut être amené à limiter la vitesse des trains après un chantier de nuit. Donc il peut y avoir
des ralentissements ponctuels, de l'ordre de 30 secondes à une minute. »
Début 2013, la SNCF s'attaquera au montage d'un « saut-de-mouton », c'est-à-dire « un pont, à côté du
hameau des Saulneries à Juigné ». La mise en service commerciale de la LGV est prévue pour 2017. Arnaud
Jean doit livrer les raccordements fin 2015 pour que démarrent les essais qui devraient durer une année.