Le groupe Leonhart se bat pour le transport fluvial
Actu-Transport-Logistique.fr | Fluvial | publié le : 28.03.2017 | Dernière Mise à jour : 01.04.2017
Trois ans après avoir mis en place une liaison fluviale dans la région de Strasbourg, le groupe Leonhart continue de militer pour une utilisation plus intensive de la voie d'eau. Mais ses projets sont contrecarrés par nombre de difficultés, dont l'état des canaux Freycinet.
Le groupe Leonhart, un fabricant de matériaux de construction bientôt centenaire, est un fervent défenseur du report modal. Depuis sa maison mère de Sélestat (Bas-Rhin), cette entreprise qui réalise 60 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie plus de 400 personnes continue de développer des alternatives à la route permettant de limiter l'engorgement des infrastructures routières alsaciennes.
3 ans d'études
C'est justement pour faire face à l'interdiction du transit de poids lourds instaurée sur la RN4 à Strasbourg que Leonhart a mis en place un premier trafic de substitution utilisant la voie d'eau il y a trois ans. Mais il avait fallu autant d'années pour le mettre en place ! Il consiste à transporter du laitier de haut fourneau, sous-produit de la sidérurgie recyclé en matériau de voirie, depuis l'aciérie allemande BSW à Kehl jusqu'à une plate-forme de déchargement située à Brumath.
Moins 4 000 à 5 000 camions chaque année
L'originalité de ce trafic est d'utiliser le canal de la Marne au Rhin, qui est une voie d'eau au gabarit Freycinet. La péniche utilisée ne peut, en conséquence, embarquer que 280 à 290 t de charge par voyage. Au rythme d'une rotation quotidienne en moyenne, elle supprime entre 4 000 et 5 000 circulations de poids lourds chaque année.
Ce trafic, qui a doublé pour s'établir à présent à près de 60 000 tonnes par an, est réalisé à coûts constants par rapport à la solution routière. Car si le coût est divisé par quatre en ne considérant que l'utilisation de la péniche, diverses taxes dont les droits de port au chargement/déchargement renchérissent considérablement le prix du transport.
Le seul investissement qu'a réalisé le groupe pour effectuer ce report modal a consisté en l'acquisition d'une pelle de déchargement à Brumath pour 200 000 €.
1 million d'euros d'investissements
Le groupe Leonhart n'entend pas se limiter à ce seul trafic, dont la fiabilité est présentée comme "impeccable". C'est pourquoi il a investi près d'un million d'euros sur le port autonome de Strasbourg en 2016 afin de s'équiper d'une pelle spécifique pour charger et décharger des rhénans. Il s'agit de péniches naviguant sur le Rhin et dont la charge varie entre 1 500 et 5 000 tonnes.
"Nous avons créé cette plate-forme pour l'activité recyclage mais plus encore pour celle relative aux terres polluées. Comme les gros centres de traitement se situent en Allemagne du Nord, Belgique et Pays-Bas, ce trafic pourrait rapidement atteindre les 50 000 tonnes par an. En attendant, nous avons déjà réceptionné, en provenance du port de Rotterdam, 20 000 tonnes de coke de pétrole. Là encore, ces acheminements pourraient atteindre les 50 000 t annuelles à très court terme", détaille Lucien Modery, responsable recyclage du Groupe Leonhart.
L'état des canaux pénalisant
En prolongement de sa première expérience réussie sur un canal Freycinet, le groupe Leonhart aurait souhaité ajouter une nouvelle desserte. Mais c'était sans compter sur l'état du canal reliant Strasbourg à Sarralbe (Moselle).
Des essais conduits en 2016 ont démontré qu'il était difficile de charger des péniches à plus de 250 tonnes. Or, la rentabilité de ce trafic potentiel ne peut être atteinte qu'avec des péniches chargées à 290 tonnes. Ce projet, qui aurait pu permettre de transporter entre 15 et 22 000 tonnes annuelles de matériaux recyclés et de granulats naturels entre Strasbourg et Sarralbe et retour, est donc reporté sine die.
Une liaison Rhône-Rhin au programme
En revanche, un autre projet pourrait avoir plus de chances d'aboutir car non lié à l'état de l'infrastructure empruntée. Il s'agit d'une liaison Rhône-Rhin entre le nord de Lyon et le port de Strasbourg.
"La mise en place d'une petite plate-forme lyonnaise pourrait permettre de faire transiter 15 000 tonnes de matériaux par an mais nous n'en sommes, pour l'heure, qu'au stade de projet. Nous avons aussi regardé la solution ferroviaire pour d'autres projets, dont celui de Sarralbe. Mais elle nous apparaît encore plus compliquée que la solution fluviale, les opérateurs ferroviaires n'étant pas forcément intéressés par l'acheminement de trafics non réguliers", conclut Lucien Modery.
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