Energie
Lingenheld met les gaz sur la méthanisation
Christian Robischon (Bureau de Strasbourg du Moniteur) - LE MONITEUR.FR - Publié le 08/03/18 à 15h57
Le groupe alsacien et lorrain de travaux publics accélère sa diversification dans la construction d’installations productrices de biogaz.
La cinquième unité de méthanisation de Lingenheld entrera en enquête publique le 20 mars prochain en vue de son implantation près de Strasbourg, à Oberschaeffolsheim (Bas-Rhin), sur la plate-forme de traitement de déchets de l’entreprise de travaux publics. Deux autres installations en fin de chantier entreront en service d’ici à l’été, au zoo de Thoiry (Yvelines) pour une capacité annuelle de 10 900 tonnes dans un premier temps, et à Marboué (Eure-et-Loir) pour un potentiel de 25 000 tonnes/an. Elles font suite à l’unité inaugurale de 12 000 tonnes annuelles qui est en fonction depuis deux ans à Sarreguemines (Moselle) et elles précèdent un autre projet à Fécamp (Seine-Maritime) qui sera lancé dans les prochains mois.
Via sa filiale baptisée Methavos, la construction de méthaniseurs représente pour Lingenheld une étape de plus dans son développement dans l’environnement. «Nous l’avons entamé, il y a plus de 20 ans, par le recyclage des matériaux de démolition. Nous avons enchaîné avec la valorisation des mâchefers d’usines d’incinération, la dépollution de sols, le compostage de déchets verts et de boues biologiques», décrit Franck Lingenheld, président du groupe familial. L’environnement pèse 17 % des 135 millions d’euros de chiffre d’affaires de l’an dernier, dans lequel les travaux publics conservent une majorité de 52 %.
La voie sèche
Dans son approche de la méthanisation, Lingenheld a choisi la voie dite «sèche», dont il forme désormais l’un des rares acteurs de référence, avec ses confrères majors européens du BTP Vinci et Strabag. Cette technique est en effet beaucoup moins répandue que son homologue «liquide». Elle est surtout adaptée aux déchets de forme plus ou moins solide. Les installations Methavos traitent ou traiteront des déchets verts, complétés par les ressources locales selon les sites, comme les fumiers d’animaux au zoo de Thoiry, la paille de blé à Marboué ou encore des résidus de l’industrie agroalimentaire. Elles les transforment, d’une part, en un compost normé pour être un engrais et, d’autre part, en un biogaz à majorité de méthane, injecté dans le réseau de gaz naturel et producteur d’électricité et chaleur.
Des unités de 15 000 à 40 000 tonnes
«Nous pourrions répondre à davantage de commandes encore, mais nous préférons prendre notre temps pour bien améliorer notre maîtrise des process au fur et à mesure des projets», souligne Franck Lingenheld.
Le groupe vise le segment des méthaniseurs de 15 000 à 40 000 tonnes annuelles, correspondant à un investissement unitaire de 5 à 10 millions d’euros, souligne-t-il.
Rencontre entre Moselle et Suède
Deux structures l’ont fait entrer dans cet univers. Côté public, le Syndicat des déchets ménagers de Moselle-Est (Sydeme) a trouvé en lui le partenaire pour monter le projet de Sarreguemines alors inédit en France. Côté privé, une petite société suédoise, SpiralTrans, avait retenu l’attention du Sydeme car elle fabrique la spirale, pièce essentielle du process pour le convoyage des déchets. Or SpiralTrans détenait aussi un brevet pour un principe particulier d’«agitation multizone verticale» très stimulateur de l’activité des bactéries. «Le Sydeme a racheté la partie spirale, et nous le brevet», rappelle Franck Lingenheld. De ces rencontres est née Methavos, société commune à Lingenheld et au Sydeme. «C’est le genre d’histoire qui débute au fond d’une cour», sourit le dirigeant.
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