LA VOIX DU NORDTerminal méthanier de Loon-Plage : le chantier d’un tunnel bloqué par cinquante mètres de fond
L’incident est plutôt rare. Fin avril, le tunnelier qui doit creuser entre le terminal méthanier de Loon-Plage et la centrale nucléaire de Gravelines, est tombé en panne. À cause de cette avarie, jugée « sérieuse » par Dunkerque LNG, filiale d’EDF chargée de mener le projet de terminal méthanier, le chantier va subir un retard de six mois.

Pourquoi un tunnel ? « Dans un terminal méthanier, il faut regazéifier, c’est-à-dire réchauffer le gaz naturel liquéfié qui sera stocké dans les réservoirs de l’installation. En clair, il faut faire passer le gaz d’une température de –162ºC à environ 3ºC. Et pour cela, nous allons acheminer de 5 à 6 % des eaux tièdes de la centrale nucléaire de Gravelines », explique Marc Girard, président de Dunkerque LNG. D’où la construction d’un tunnel de 5 km de long et de 3 m de diamètre entre les deux sites, creusé dans l’argile à une profondeur de 50 m, sous la mer du Nord. Avant la panne, 2,7km avaient déjà été creusés depuis septembre 2013.
Origine de l’avarie ? Le groupement BRS (Bessac-Razel-Bec-Soletanche), chargé de la construction du tunnel, a longuement travaillé pour répondre à cette question et définir les modalités de réparation dans les meilleures conditions de sécurité pour les intervenants. Aujourd’hui, cette origine est clairement identifiée : il s’agit d’une rupture de liaison entre la roue de coupe (qui est au contact de l’argile et qui creuse) et les moteurs du tunnelier. En clair, la roue ne tourne plus…
Comment réparer ? Grosse difficulté : une fois dans l’argile, la roue de coupe ne peut plus reculer et être extraite. Or, la réparation nécessite une intervention devant la roue, afin de la démonter, d’extraire et de remplacer les pièces défectueuses. Pour y parvenir, une solution dite « horizontale » a été retenue : creuser sur quelques mètres une galerie parallèle au tunnel, « autrement dit, creuser une galerie de contournement de la machine (1,5m de largeur sur 2,20m de hauteur, sur environ 25 m linéaires), avec une chambre de réparation devant la roue du tunnelier (environ 4,5m de hauteur sur 4,5m de largeur et 5,5m de longueur) », résume Sylvain Ringot, directeur technique chez Dunkerque LNG.
Les travaux préparatoires ont débuté et le creusement de la galerie devrait progresser d’un mètre par jour. L’accès à la tête de tunnelier est prévu en août et la réparation durera plusieurs semaines. Pour un redémarrage du creusement espéré en octobre.
Deuxième chantier industriel de France
Les travaux réalisés pour réparer la panne du tunnelier sont des travaux manuels déjà réalisés, par exemple, pour le creusement du métro parisien (ligne 4 Montrouge). Ils seront effectués par des mineurs spécialisés des sociétés Bessac et Razel-Bec. Une attention toute particulière est apportée aux aspects « hygiène, sécurité, environnement », afin de garantir leur sécurité et un encadrement spécifique est mobilisé pendant le dépannage.
Rappelons que le chantier du terminal méthanier est le deuxième chantier industriel de France, derrière celui de l’EPR de Flamanville, avec un coût de plus d’un milliard d’euros et environ 1 700 travailleurs mobilisés.